Pierre au service d’une information juste

Il n’y a pas si longtemps, Pierre était étudiant à Sciences Po’. Il ambitionnait alors de devenir haut fonctionnaire et menait des stages en ambassades. Pourtant, ayant pris le goût de l’écriture et de l’engagement, il n’a désormais de cesse de rédiger des articles et des chroniques incisives. A peine âgé de 23 ans, il commence à apparaître sur les plateaux télévisés, au milieu d’experts qui ont deux fois son âge. Plutôt que de s’astreindre au devoir de réserve, il a choisi la voie du journalisme engagé.


L’aîné d’une famille de dix enfants, Pierre intègre en 2009 le prestigieux établissement de la rue Saint Guillaume. « Sciences Po est souvent brocardé pour ses pesanteurs idéologiques, boboïsantes et relativistes » observe t-il. Pourtant, passer par là fut pour lui une leçon de vie : « cet environnement donne le pouls des élites. Je me suis construit au fil des échanges et des confrontations que j’ai pu y vivre.»

Curieux et soucieux de pousser plus avant sa formation, Pierre s’inscrit en 2011 au séminaire de niveau 1 de l’Institut de Formation Politique. Il y trouve un réseau : « l’IFP permet de mettre en relation des gens qui peuvent travailler en  commun, et de leur assurer une formation intellectuelle et militante de grande qualité. » Car pour lui, il n’y a guère de doute : « la formation intellectuelle est primordiale: s’il n’y a pas de fond, on reste prisonnier d’une posture. Mais le critère ultime pour fonder ses convictions est l’engagement, la confrontation à l’autre, au terrain. Cela enracine, et déjoue l’idéologie.»

Ce refus de l’idéologie lui a peut-être permis de tenir bon. Car l’année 2012-2013 fut pour lui le test du courage : alors président de l’aumônerie catholique de Sciences Po’, il prête aussi main forte au pôle élus de La Manif Pour Tous, et se retrouve au cœur de la tornade. L’atmosphère dans l’IEP devient délétère : « nous étions contraints de lutter pied à pied, avec pour seules armes l’argumentation et l’exemple. Ce fut éprouvant mais extraordinairement formateur », raconte t-il.

Quand on lui demandait son appartenance politique, Pierre répondait alors par une boutade : « celle que donne Henri Frenay d’une certaine droite française, ‘traditionaliste, pauvre, patriote et paternaliste’ », avant de préciser « je m’y retrouve encore assez bien, même si j’ai le sentiment que le clivage droite-gauche est aujourd’hui remplacé par de nouvelles confrontations, sur l’individualisme, la souveraineté, la géopolitique, les questions sociétales ».

Le désir de combattre ne l’a pas quitté. Son diplôme de Master bientôt en poche, il ressentit l’envie de prendre davantage la parole : « mon penchant pour l’engagement a pris le dessus », dit-il. Le journalisme lui semblait être « une voie pour dénoncer, avertir et proposer. Plus libre que la politique partisane, mais plus difficile aussi ».

Il travaille pour La Vie et au Figaro Magazine, et publie régulièrement pour Causeur, les Cahiers Libres et sur son propre blog, Jovabien. Ainsi écrit-il pour dénoncer les incohérences du gouvernement face à l’Etat islamique ou les dangers de la marchandisation du corps. A ses yeux, « le journalisme est un des principaux fronts du combat culturel ». En effet, « il comporte un enjeu primordial de lutte pour la vérité, et l’information juste, ajustée.» Pierre garde les pieds sur terre et la tête froide. Face au flux d’informations, il veut « prendre de la hauteur, et se former ». En fin de compte, regrette t-il, « le journalisme est aussi un lieu de mondanité et de narcissisme, qui nécessite beaucoup d’humilité et de simplicité, comme antidotes ». Mais « je me prêche cela à moi-même », conclut-il avec humour.